UNE LUNE UN PEU MOINS SECHE

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Sphérules vitreuses et fragments rocheux. Echantillon no 74220. Apollo 17. Image : NASA Lunar Science Institute

Nous serions nous trompé ? Les analyses des premiers échantillons ramenés par Apollo 11 avaient conclu à l'absence d'eau et de tout matériau ayant pu être en contact avec l'eau. Depuis 40 ans, il était donc tenu pour acquis que la Lune était sèche comme un os. Mais ces dernières années, des géochimistes ont commencé à signaler la présence d'eau dans certains échantillons lunaires. Récemment, par exemple, un article de Erik Hauri et al. a montré que les fameuses sphérules orangées trouvées dans les laves riches en titane collectées par Apollo 17 contenaient de minuscules inclusions de produits volcaniques fondus mélangés avec de l'eau. Les analyses montrent un taux hydrique comparable à celui que l'on observe dans les laves terrestres issues du manteau supérieur. Ces résultats sont indiscutables. Ils s'expliquent par la sensibilité des appareils d'analyse dont on dispose aujourd'hui, qui est sans commune mesure avec celle des équipements utilisés à l'époque des missions Apollo. Mais ils posent en même temps un problème. Il y en effet de fortes raisons de croire que la Lune s'est formée à partir des débris d'un impact majeur sur la Terre primitive. La chaleur dégagée lors de la collision est supposée avoir entraîné l'évaporation de l'eau et d'autres gaz dans l'espace, ce qui expliquait bien l'absence d'eau sur notre satellite. Certes, les modèles de formation de la Lune à partir des débris d'impacts sont probablement très simplifiés, mais on ne trouve nulle trace de processus géologique ou géochimique du à l'eau sur la Lune. Les rainures sinueuses ne sont pas les lits de cours d'eau [NDT : comme on l'a cru à une époque] et les fameux Phénomènes Lunaires Transitoires ne sont très probablement pas causés par de la vapeur d'eau [NDT : idem]. Alors que penser au final ? Simplement que l'on voit là la Science en mouvement, qui avance par essais, erreurs et corrections successifs.

Chuck Wood
(traduction Jocelyn Sérot)


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